Jours intenses sur le marché automobile chinois : une évaluation de BYD

Le marché le plus concurrentiel au monde est sans aucun doute celui de la Chine. Dans ce contexte, les constructeurs locaux se livrent une rivalité féroce et impitoyable. Pourtant, malgré cette compétition acharnée, la rentabilité reste difficile à atteindre.

Ces dernières semaines, un conflit important et très médiatisé a éclaté entre deux géants de l’automobile chinoise : Great Wall et BYD. Le PDG de Great Wall a comparé BYD au tristement célèbre promoteur immobilier Evergrande, qui s’est effondré en 2021. En réponse, BYD a publié un communiqué très virulent, sans toutefois nommer directement son rival.

Plus préoccupantes encore sont les récentes révélations rapportées par Reuters. La production dans les usines chinoises de BYD aurait été réduite d’une équipe en raison d’un excédent de véhicules invendus. Par ailleurs, la construction de plusieurs nouvelles installations de production aurait été suspendue. Il est également bien connu que le projet d’investissement de BYD en Turquie est au point mort depuis plusieurs mois.

RISQUES

1. Une bombe financière à retardement

BYD paie ses fournisseurs au moyen de lettres de change électroniques, d’une durée de 9 à 12 mois, via une plateforme appelée Dilian. Cela engendre une charge financière d’environ 40 milliards d’euros qui n’apparaît pas comme une dette au bilan de l’entreprise. Pour cette raison, certains analystes qualifient BYD d’« Evergrande de l’industrie automobile ».

2. Perte de confiance et crise sociale

La réduction de la participation de Warren Buffett dans BYD, passant de 20 % à moins de 5 %, a été interprétée comme un signe fort de perte de confiance. De plus, une plainte déposée au Brésil pour traite d’êtres humains a mis en lumière la face sombre de la stratégie de « production à bas coût » de la marque, révélant ainsi d’importants risques réputationnels.

FORCES

1. Une intégration verticale inégalée

Qu’est-ce qui fait la force de BYD ? L’entreprise fabrique environ 75 % de ses véhicules en interne — de la batterie (la célèbre Blade Battery) à la puce électronique, en passant par le moteur. Cela réduit considérablement les coûts de production et confère à BYD une grande résilience face aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale.

2. Technologie et soutien gouvernemental

La technologie Blade Battery de BYD, basée sur la chimie LFP, est à la fois plus sûre (moindre risque de combustion) et moins coûteuse que les alternatives. L’entreprise est également considérée par le gouvernement chinois comme un champion national stratégique. Ainsi, il est probable que Pékin intervienne pour la soutenir en cas de crise financière.

CONCLUSION

BYD s’est développée très rapidement grâce à une technologie performante et une structure de coûts incomparable. Toutefois, gérer une croissance aussi rapide n’est jamais simple. Pour réussir à l’échelle mondiale, l’entreprise doit mieux s’ancrer localement. Suivre un modèle semblable à celui de Volvo/Geely pourrait considérablement augmenter ses chances de succès. Sans cette adaptation, BYD risque de répéter les erreurs commises autrefois par les constructeurs japonais et coréens. Une transformation culturelle interne est difficile, mais indispensable. On ne peut pas diriger une équipe européenne de la même manière qu’une équipe chinoise ; l’adaptation aux cultures locales sera essentielle à une véritable mondialisation.